Un modèle économique différent…

Roon est un logiciel qui permet de gérer une bibliothèque de fichiers musicaux, stockés localement sur le disque dur de son ordinateur, ou sur un disque réseau souvent appelé NAS (Network Area Storage). Il permet de gérer de la même manière l’accès aux fichiers de plateformes en lignes telles que Qobuz, Tidal ou encore Spotify. Enfin, il permet dans la même interface d’accéder à toutes les radios qui diffusent sur Internet.

Beaucoup d’autres logiciels proposent le même genre de fonctions. On peut citer JRiver, Audirvana, Foobar, Logitech Media Serveur, Volumio. La liste est très longue mais tous ces logiciels n’offrent pas le même niveau de fonctionnalité.

Certains sont gratuits (Foobar par exemple), d’autres sont payants (JRiver, Audirvana) et proposent une licence perpétuelle avec mises à jour majeures payantes. Roon offre aussi une licence perpétuelle, mais qui est hors de prix, et un principe d’abonnement annuel (payable en une fois) facturé environ 120 Euros. Ce principe de paiement se développe rapidement dans le monde du logiciel, et provoque des réactions souvent négatives de la part des utilisateurs.

J’ai réagi ainsi quand Adobe a choisi cette formule pour son logiciel Lightroom, et j’ai migré vers Capture One. Donc ma première réaction par rapport à l’offre de Roon a aussi été négative.

Le protocole RAAT et la certification Roon

C’est un principe général qu’on retrouve sur tous ces logiciels. Il faut installer un serveur sur un PC, un Mac ou un NAS qui va distribuer la musique sur un ou plusieurs lecteurs locaux.

Un autre option consiste à connecter un DAC directement au serveur, qui va aussi intégrer la fonction « lecteur » (par exemple, Volumio).

En général, la plupart de ces logiciels utilisent le protocole UPnP/DLNA. Roon utilise son propre protocole appelé RAAT.

Les lecteurs qui peuvent décoder les flux audio RAAT sont dits « Roon ready » et peuvent être certifiés par Roon. Certains peuvent être « Roon ready » sans être certifiés.

Ce principe est à retenir, car il présente l’avantage d’une garantie de bon fonctionnement, ce qui n’est malheureusement pas le cas du protocole DLNA qui peut nécessiter de mettre les mains dans le cambouis informatique, sans garantie de résultat. J’ai notamment souvent rencontré des problèmes pour la lecture de fichiers en « gapless » avec le protocole DLNA depuis JRiver

Ma redécouverte de Roon

C’est la lecture d’un article sur le site audiosciencereview qui m’a donné envie de donner une seconde chance à ma Chromecast Audio qui trainait dans un tiroir pour l’essayer avec Roon, en profitant de l’offre d’essai gratuite de 14 jours.

J’ai installé Roon sur un PC, je lui ai montré l’emplacement de mes fichiers audio sur mon NAS, et l’indexation des quelques milliers de fichiers s’est effectuée à une vitesse éclair. Très déroutant… Je n’ai pas trop creusé au début sur les moyens de retrouver mes disques, mais j’ai voulu connecter la ChromeCast et là encore, aucune difficulté, elle avait été reconnue par défaut. Très impressionnant de facilité…

Enfin j’ai pu commencer à écouter ma musique après avoir installé les applications de contrôle sur mon iPhone et le smartphone Android de mon épouse. Le serveur installé sur le PC a été reconnu directement, et j’ai été surpris de voir que l’application de contrôle est beaucoup plus complète que ce qu’on trouve habituellement (JRemote pour JRiver par exemple).

Toutes les fonctions de Roon sont accessibles depuis la tablette ou le smartphone.

Le fonctionnement et la qualité audio avec la Chromecast sont remarquables. La stabilité aussi. Du coup, j’ai commencé à revoir ma manière de penser par rapport au prix. La possibilité d’accéder à une telle qualité audio avec un lecteur à 35 Euros compense largement la contribution de 10 Euros par mois. Par ailleurs, l’ergonomie du logiciel et des fonctions (Roon Radio par exemple) sont vraiment agréables à utiliser. Bref, à la fin des 14 jours d’essai, j’ai décidé de m’abonner pour un an pour approfondir mon évaluation.

Roon Rock

L’idée d’installer un serveur musical dédié a toujours attiré ma préférence. J’avais dans un placard un mini PC NUC i5 qui m’avait servi pour installer un serveur audio avec JRiver en 2015. Il me sert aussi pour faire mes mesures avec REW et Arta.

J’ai découvert que Roon proposait une solution très intéressante, avec un serveur Roon (dit Roon core) intégré à une compilation Linux spécifique (Donc, pas sur la base d’une distribution telle que Ubuntu). Connaissant bien Linux, j’ai pensé que cette solution était garante de stabilité.

Roon définit clairement les spécifications et recommande un minimum de 8 Go de mémoire vive. On peut trouver ce modèle d’occasion pour environ 250 Euros.

J’en profite pour signaler que ces mini PC sont silencieux, sauf… quand la poussière s’accumule à la sortie du ventilateur, ce qui est arrivé avec le mien. Heureusement, tout est démontable, et j’ai pu faire subir un nettoyage complet au mien, en suivant un tutoriel trouvé sur internet.

J’ai voulu conserver mon installation Windows, donc j’ai acheté un nouveau disque SSD de 120 Go (35 Euros) que j’ai installé dans le NUC.

Roon recommande de mettre le bios du PC à jour, ce que j’ai fait en suivant cette instruction.

J’ai téléchargé le logiciel que j’ai ensuite installé en tant qu’image disque en utilisant le logiciel Etcher recommandé par Roon. La procédure est détaillée ici.

Tout ça se fait beaucoup plus simplement qu’il n’y parait. j’ai démarré le PC NUC en « bootant » sur le disque USB, et tout est allé très vite. J’avais connecté un écran, un clavier et un câble RJ45 pour qu’il soit connecté au réseau, et je n’ai pas eu besoin d’intervenir.

Quand l’installation est terminée, il faut accéder au serveur depuis un autre PC ou Mac en entrant son adresse IP, que l’on peut trouver facilement depuis le routeur internet, qui alloue les adresses réseaux (adresse IP du genre 192.168.2.200).

Voici donc l’écran qui apparait dans Safari, Google Chrome ou IE quand on entre l’adresse IP du serveur :

Roon missing codecs

A ce stade, j’ai été informé d’une erreur avec un point d’exclamation dans la section « Roon Server Software ». Le problème est documenté ici.

Les codecs MPEG ne sont pas fournis par défaut. Il faut télécharger le fichier « ffmpeg » sur internet et le copier dans le répertoire « data/codecs » du Nuc i5. Le fichier ffmpeg est téléchargeable ici. Ensuite, on redémarre le serveur et tout devrait rentrer dans l’ordre. Ce codec est notamment nécessaire pour écouter les radios internet qui diffusent avec des formats compressés.

Accès au serveur depuis le smartphone ou la tablette

Le lancement de l’application sur votre smartphone va vous conduire à un écran d’accueil comme celui présenté ci-dessous qui vous demande de sélectionner votre serveur.

Vous devriez voir celui que nous venons de configurer. Après l’avoir sélectionné, vous serez invité à rentrer vos informations de connexion, adresse email et mot de passe.

La dernière étape va être d’informer Roon de l’endroit où sont stockés vos fichiers audio, pour qu’il puisse construire sa librairie.

Pour accéder à cette page, il faut cliquer en haut à gauche de l’écran sur l’icône représentant le menu (3 traits horizontaux) puis choisir la deuxième option « Stockage ». Roon est entièrement paramétrable depuis cette série de sous menus.

Quand on choisit d’ajouter un répertoire, on peut choisir l’emplacement où sont stockés les fichiers audio.

Dans mon cas, j’ai dû rentrer le nom du NAS et du volume partagé comme indiqué ci-dessous:

« \\DLINK0A1\Volume_1 »

puis choisir le répertoire « Music ». Votre chemin d’accès sera probablement différent bien sûr…

A noter que la création de la librairie est extrêmement rapide.

Il ne reste plus qu’à choisir une « zone Audio ». Pour l’instant, je ne trouve que la ChromeCast qui est mon lecteur par défaut.

Ropieee

Très satisfait des premiers résultats, j’ai voulu m’amuser en allant un peu plus loin et mettre en oeuvre une alternative à la Chromecast.

Je connais bien le Raspberry que j’ai utilisé avec Volumio dans le passé. J’ai découvert qu’il existait une solution logicielle, basée sur Linux, qui permettait d’utiliser un Raspberry comme lecteur Roon.

Voici le site qui permet de télécharger le logiciel et fournit toutes les instructions pour le mettre en oeuvre.

J’ai donc commandé un Raspberry 4 dans sa configuration la moins chère, avec 2 Go de mémoire vive:

J’avais déjà quelques cartes micro SD sous la main, j’ai donc téléchargé et copier l’image disque en suivant les instructions du site Ropieee.

J’ai relié le Raspberry au réseau au moyen d’un câble RJ45, mis en place la carte micro SD dans son logement et démarré le Raspberry en le reliant à une alimentation 5 volts USB (2 à 3A). Attention, sur les Raspberry 4, la connexion USB pour l’alimentation est au standard USB-C.

Pour que le lecteur soit reconnu par Roon en tant que « zone audio », il faut que le Raspberry soit raccordé au DAC (dans mon cas, un SMSL Sanskrit) et que ce dernier soit bien configuré pour lire l’entrée USB (Entrée 1 sur le Sanskrit). Au besoin, n’hésitez pas à faire un balayage de toutes les entrées sur le DAC jusqu’à revenir à l’entrée USB.

Dernière étape

ll faut « Activer » la nouvelle zone audio en se rendant dans le menu de l’application.

Depuis le smartphone ou la tablette, sélectionnez l’option « réglages » et allez chercher le sous menu « audio » assez loin sur la droite. C’est à partir de ce menu qu’on peut activer un nouveau lecteur.

Dans mon cas, on voit au bas de la page que les deux lecteurs, Chromecast Audio et Sanskrit, sont déjà activés. Lorsque le lecteur n’est pas activé, un bouton bleu permet de lancer l’activation en donnant un nom personnalisé au lecteur.

Extrêmement content du résultat obtenu, j’ai décidé d’investir une vingtaine d’euros dans un superbe boitier en aluminium usiné dans la masse, qui fait aussi office de refroidisseur pour le Raspberry. Le rapport qualité prix de cette boite est incroyable !

En utilisation, la fente visible en place avant diffuse la petite lumière rouge de la LED du Raspberry, et l’effet est très élégant… Le boitier est livré avec de la pâte thermique qui permet d’assurer la diffusion de la chaleur entre le processeur et le radiateur.

Utilisation de Roon

La logique d’utilisation de Roon est différente de tout ce que j’ai expérimenté jusqu’à présent. Il faut complètement oublier ses anciennes habitudes.

Mes fichiers audio sont gérés sur le NAS grâce à cette arborescence :

1er niveau
2ème niveau

Ensuite, JRiver m’a donné l’habitude de créer des étiquettes pour retrouver plus facilement une oeuvre en filtrant sur le nom du compositeur, d’un interprète ou d’une forme musicale. Tout ça prend beaucoup de temps, et les étiquettes prédéfinies sur les fichiers téléchargés ne correspondent généralement pas aux miennes.

Avec Roon, on peut bien sûr utiliser la même approche, mais on peut aussi s’en passer, et c’est comme cela que je l’utilise. Quand j’achète un disque sur Qobuz, je le copie sur le NAS, et c’est fini, Roon s’occupe du reste. Et pour le retrouver?

J’ai choisi de vous montrer en vidéo ma manière de procéder :

J’espère que ce petit tutoriel aura aiguisé votre curiosité et permettra d’éclairer votre choix si vous souhaitez expérimenter ce logiciel.

Pour finir, noter que ce petit lecteur autorise des flux audio du PCM 44KHz jusqu’au DSD, et ceci sans aucun problème (testé avec le DAC Sanskrit).

Notez bien que je ne suis affilié en aucune sorte avec la marque Roon.