La genèse
Le projet est né il y a environ quatre ans. C’est Bruno, dont j’ai présenté les différents systèmes sur le site, qui a lancé l’idée de concevoir et fabriquer un amplificateur dit SET (Single Ended Triode) avec deux tubes 211, l’un servant de driver à l’autre (d’où le nom 211²).
Le schéma devait être le plus simple possible, les composants de la meilleure qualité qui soit et l’alimentation conçue pour faire le meilleur usage des modules de filtrage conçus par le professeur Degawa.
On peut suivre l’histoire sur le forum de Melaudia.
Le concept
L’amplificateur
Le transformateur Lundahl permet de sélectionner trois options pour ajuster l’impédance d’entrée, 1:2, 1:4 ou 1:8.
Le rapport 1:2 est idéal pour le couplage avec mon préamplificateur Kaneda en terme de gain. J’écoute en moyenne avec le potentiomètre en milieu de course.
Les transformateurs (inter-étage et sortie) ont été fabriqués par Dissident-Audio d’après les spécifications préparées par Bruno. Ils sont magnifiques. Les bobinages sont noyés dans la résine.
Les tubes que j’ai choisis sont des General Electric « NOS » (New Old Stock).
Les alimentations, présentation générale
On trouve :
- Une carte pour la polarisation négative (sur l’image, entre le transformateur et les deux cartes de chauffage filament).
- Une carte pour la haute tension.
- Deux cartes pour le chauffage des filaments en continu.
- Une self de 8 H et deux transformateurs.
L’image nous montre les différents éléments constituant l’alimentation d’un bloc mono. Les composants sont montés « à la Kaneda » sur des plaques à pastilles.
Transformateurs et self
Le transformateur principal a pour référence LAD-181 et vient de chez Electra Sud-Ouest.
La self vient du même endroit et porte la référence LED-181.
Le Transformateur basse tension (2×30 volts) R_Core vient de chez Selectronic.
La polarisation négative
Les composants CP0310 et LC3003 sont des composants Degawa.
Le chauffage des filaments en courant continu
La valeur des résistances permet d’ajuster la tension de chauffage filaments à 10 volts plus ou moins 0,5 volt.
L’alimentation haute tension
La construction
Bruno avait déblayé le terrain. Il a fait fabriquer les plaques inox, les platines en bois et les coffrets par des artisans qu’il connait bien.
Cela m’a beaucoup simplifié la tâche, ce n’était pas au niveau d’un kit, mais presque.
Le bloc d’alimentation
Montage du transformateur et de la self sur la plaque inox.
Montage de la platine en bois qui permet de monter les blocs d’alimentation. On voit :
- La polarisation négative.
- Le transformateur 2 x 30 volts.
- La prise IEC.
- L’interrupteur haute tension.
Montage de la carte haute-tension. Je me suis fait une frayeur en m’apercevant, après les premiers tests, que les tiges filetées de fixation du transformateur touchaient presque le circuit de la haute tension… J’ai tout recalé avec des rondelles pour donner de la marge… On voit la carte côté « entrée ».
L’alimentation terminée, avec les deux cartes de chauffage filaments.
L’amplificateur
Montage des premiers éléments sur la tôle inox. La prise RCA (on peut et ce serait souhaitable, rentrer en symétrique), les deux ampèremètres, la prise d’alimentation, les bornes de sortie et les silents blocs pour le montage des tubes, je les ai trouvés sur Ebay chez un revendeur d’articles de modélisme.
La grande vis de masse centrale est en place.
Le même stade de construction, vue de dessus. Le transformateur inter-étage prend place entre les deux tubes. On peut suivre le cheminement du signal.
Montage des transformateurs de sortie et inter-étage Dissident Audio.
Vue de l’ensemble câblé. La carte avec les deux potentiomètres est utilisée pour régler le courant de repos. J’ai placé le transformateur d’entrée Lundhal et le condensateur de 50 uF utilisé pour la réduction de tension de V1 au-dessus du transformateur inter-étage.
Sur le châssis, montage du dissipateur de chaleur pour la résistance de 4,7 K, 20 watts. Elle est utilisée avec le condensateur de 50 uf pour réduire la tension de V1.
Vue de l’intérieur, la résistance en place. On peut la déconnecter facilement si on souhaite démonter l’amplificateur.
L’amplificateur est monté !
Les réglages avant la mise en route
Etant totalement néophyte, j’ai suivi scrupuleusement les conseils de Bruno, que j’ai littéralement harcelé de questions. Je ne crois pas qu’il va recommencer l’expérience de sitôt…
J’ai évidemment pris beaucoup de précautions pour les mesures, mon épouse étant toujours présente au cas où, mais, avec 1200 volts, il n’y avait pas droit à l’erreur…
J’ai rencontré deux problèmes :
- Sur la carte de réglage de la polarisation négative, où se trouvent les deux potentiomètres, un des deux composants Degawa était mal étiqueté et donc monté à l’envers. Bruno a eu le même problème, et a été moins chanceux car il a détruit le module. Le mien s’en est sorti et j’ai retrouvé les bonnes valeurs de tension après correction.
- Ma tension secteur est trop faible et le dois alimenter les deux blocs avec un Variac avec lequel j’élève la tension. Malgré cela, je vais remplacer les résistances de 0,5 Ohm, qui sont montées en sortie des cartes de chauffage filament, par des résistances de 0,33 Ohm.
Dans l’ensemble, la mise en route a été beaucoup moins compliquée que ce que je craignais (j’avais envisagé de prendre pension chez Bruno pendant huit jours :))
Les premières écoutes
Coup de chance, le réglage de gain (rapport 1:2), pour le fonctionnement avec mon Kaneda 218, est idéal ! Nous en avions beaucoup parlé avec Bruno et j’hésitais entre un rapport 1:2 et 1:4.
Quasiment pas de bruit, à part un léger ronronnement, principalement dans la voie de droite, qui est inaudible quand il y a de la modulation (les enceintes font environ 105 db de rendement).
Cela fait maintenant environ huit jours que nous écoutons ce SET-211². Je pourrais utiliser les superlatifs habituels mais je ne serais pas crédible. A la fin d’un tel projet, on est vraiment convaincu d’avoir réussi quelque chose de formidable !
Ce qui est intéressant, ce sont les commentaires de mon épouse. Elle a son franc parlé, et elle écoute la musique avec moi. Si le résultat avait été moins bon que le Kaneda 224, elle me l’aurait fait savoir tout de suite. Elle n’a pas pris plus de 5 minutes pour dire que cet amplificateur allait plus loin que le précédent. Elle a été très sensible à la reproduction naturelle des voix, et à la sensation de dynamique.
Personnellement, je suis emballé car je n’en attendais pas tant. Le raccordement avec les haut-parleurs de grave et amplificateur Lab-Gruppen fonctionne très bien. L’ensemble est extrêmement cohérent.
L’amplificateur est très fin, reproduit la scène sonore avec un naturel confondant et peut passer tout type de musique. Je me suis amusé à écouter du Reggae en poussant à 90 db au point d’écoute, c’est très présent, spectaculaire, mais tout reste en place sans agressivité.
Chapeau Bruno !
Conclusion
4 ans et un investissement financier extrêmement important, mais quel résultat ! Je suis très fier d’avoir réussi à mettre mes pas dans ceux de Bruno qui m’a permis, grâce à sa patience et à sa gentillesse, de réaliser un amplificateur hors du commun.
J’espère avoir l’occasion de le faire découvrir aux visiteurs audiophiles qui font quelquefois le détour par Cologne.
J’ai ouvert un sujet pour permettre la discussion sur ce projet et d’autres dans le forum du site.
PS : Non, je ne me déplace pas avec pour des écoutes chez d’autres particuliers :).
30 décembre 2018 at 10 h 50 min
Dominique,
Quelle aventure!
Bravo à toi pour ce bel article de partage, et à vous deux, Bruno et toi, pour avoir mené à bien cette entreprise de « folie collective », dont l’issue était pour le moins incertaine à son début.
Gilles
30 décembre 2018 at 11 h 38 min
Beau projet en lequel il fallait vraiment croire,compte-tenu de l’argent investi et du temps écoulé depuis son démarrage.Bravo pour votre ténacité qui a payé!
30 décembre 2018 at 14 h 04 min
Bravo Dominique,
MAGNIFIQUE projet qui fait très envie, et bravo pour ta réalisation….
Il se peut qu’un jour je transforme mon SE E80L + 211 en 211 + 211 !
@+
Daniel
30 décembre 2018 at 20 h 16 min
Bravo Dominique pour cette magnifique réalisation !
je suis admiratif moi qui sait a peine souder !
Ces vieux tubes continuent de nous surprendre, que ce soit les 211, 845 et meme GM70 ^___^ .
Vive le Tube !
Gilles
2 janvier 2019 at 15 h 44 min
Impressionnant ! Je suis admiratif et il me tarde d’aller faire l’incruste chez mon frangin à quelle ui je dois la super modif de mes mini Onken ! Bravo Dominique !
3 janvier 2019 at 12 h 31 min
Bonjour,
Pour la HT avez vous bien utiliser du câbles ayant une gaine supportant +1500v?
Je m’était posé la question a l’époque ou j’avais un amplificateur utilisant des 845!
3 janvier 2019 at 20 h 04 min
Bonjour Stėphane,
C’est effectivement une question que je me suis posėe et j’en ai discutė avec Bruno qui a l’expėrience de ce genre de montage, pour qui la tension d’isolement semble moins importante que la capacité en courant du câble. J’ai trouvé un modèle qualifié pour 500 volts nominal et testė jusqu’ã 2000, d’après le constructeur Lapp. Si tu as une source pour trouver du câble 1500 volts au mètre, je suis intėressė.
Cordialement,
4 janvier 2019 at 6 h 49 min
Pour mon 845, j’avais utilisé les références E-Z-Hook 9506-100BLK et E-Z-Hook 9506-100RED acheté chez Digi-Key.
Il m’en reste, c’était des bobines de 30ml.
11 août 2019 at 12 h 02 min
Bonjour Dominique,
bravo pour ce somptueux projet que seule la passion peut pousser à réaliser.
Une question concernant la puissance, comparée à celle de tes Kaneda : avec le recul, le SE te semble-t-il suffisant, notamment dans le grave ?
Il est clair que ce n’est pas seulement une question de watts, le gros avantage ici est que l’on reste en simple étage grâce au rendement du système dans le grave.
Merci.
11 août 2019 at 13 h 51 min
Bonjour Bruno,
Merci pour ce gentil commentaire! Gilles était à la maison récemment et a apporté avec lui son nouveau Kaneda 257. Nous avons fait des comparaisons avec le 211. Les différences sont importantes, un peu difficile à décrire, mais le 211 ne semble jamais manquer de puissance. Disons qu’elle se manifeste de manière différente. A noter toutefois que l’extrême grave (sous 60Hz) est reproduit par un amplificateur Lab Gruppen qui alimente les deux caissons Omega.
Cordialement,
Dominique
19 octobre 2019 at 8 h 27 min
Bonjour et bravo pour votre très belle réalisation.
Une question concernant le schéma et plus particulièrement le circuit de cathode.
Qu’est-ce qui a motivé votre choix de conserver un pseudo point-milieu avec deux résistances de 20R ?
En effet, sur du chauffage en continu, on trouve souvent la recommandation de relier le circuit de cathode directement à l’une ou l’autre extrémité du filament.
Pourquoi donc ne pas faire l’économie de ces deux résistances ?
Très cordialement,
O. PAUVERT
19 octobre 2019 at 11 h 34 min
Bonjour,
Bruno, le concepteur du circuit, va vous répondre directement.
Cordialement,
Dominique
19 octobre 2019 at 16 h 16 min
Bonjour Olivier,
Deux résistances par tube ,c’est pas la mer à boire!
Elles ne sont pas là par hasard, elles créent un point milieu dont la
mission est de diminuer le bruit généré par l’alimentation sur les
filaments en chauffage direct.
J’ai donc choisi ce montage en connaissance de cause, généralement
pour les tubes à chauffage direct on prévoit un enroulement à point milieu,
pour cet ampli je n’avais pas de point milieu donc j’en ai créé un
Bruno
22 octobre 2019 at 8 h 30 min
Bonjour,
Merci pour votre réponse, qui ouvre sur un vaste sujet (le silence et les triodes à chauffage direct).
Ne souhaitant pas polluer les commentaires, je soumettrai mes questions au forum de Mélaudia.
Encore bravo.
Très cordialement.
Olivier PAUVERT